Aux Comores, tous les enfants nés de mère séropositive sont séronégatifs
Moroni – Nadja* a appris sa séropositivité il y a deux ans, alors qu’elle préparait son mariage. Huit mois après les noces, la jeune dame tombe enceinte. « Je craignais pour le bébé. Il n’avait rien fait mais il risquait quand même, par ma faute, de naître séropositif. Cette idée me rendait de plus en plus inquiète », poursuit la trentenaire.
Comme l’ensemble des femmes enceintes séropositives aux Comores, Nadja bénéficie d’un accompagnement dans le cadre d’un programme de prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME). Ce suivi médical et psychologique permet de protéger les enfants nés de mères séropositives d’une éventuelle contamination lors de la grossesse ou de l’accouchement.
Aux Comores, la prévalence du VIH chez les femmes enceintes est 0,03 % et le Ministère de la santé s’est donné comme objectif d’éliminer toute transmission de la mère à l’enfant.
« Grâce à mon traitement, que je continue à suivre, ma charge virale est indétectable. Je peux dire aujourd’hui que je suis heureuse avec mon enfant bien portant dans les bras. » Nadja, PVVIH
Comme l’une des mesures pour aider à la PTME, le gouvernement, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a formé es travailleurs de la santé intervenant dans le suivi des grossesses et des accouchements à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH).
« Nous avons été outillés pour bien sensibiliser les femmes enceintes lors de leur première consultation prénatale. En effet, toute la stratégie de la PTME repose sur l’acceptation des femmes à connaitre leur statut sérologique », explique Ichata Hassani, sage-femme à la maternité du centre hospitalier national El’maarouf de Moroni, qui fait partie des soignants formés.
« Toutes les femmes enceintes séropositives sont mises sous traitement, et toutes donnent naissance à des enfants sains », se félicite Ichata Hassani. Les femmes enceintes acceptent plus facilement d’être testées grâce au succès de cette stratégie de prévention de la transmission, ajoute la sage-femme.
« Toutes les femmes enceintes séropositives sont mises sous traitement, et toutes donnent naissance à des enfants sains » Ichata Hassani, sage-femme à la maternité du centre hospitalier national El’maarouf de Moroni
« Une fois le cas détecté, la femme est envoyée chez le médecin référent qui fait un suivi des bilans, la met sous traitement et l’accompagne jusqu’à la naissance de l’enfant. Le nouveau-né est ensuite pris en charge et mis sous traitement pendant un mois », détaille Souef Anima, Responsable de la PTME et de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH à la Direction de lutte contre le Sida (DLS). « Lorsque le nouveau-né a un mois, nous faisons un test, qui est généralement négatif. »
En 2021, 100 % des femmes enceintes séropositives ont été mises sous ARV et ont bénéficié de la PTME et 100 % des nouveau-nés ont été testés négatifs. D’ici à 2025, les Comores veulent atteindre les objectifs de zéro nouvelle infection chez les nourrissons nés de mère séropositive, 75 % de femmes enceintes connaissant leur statut sérologique et 75 % de réduction du nombre de nouvelles infections par rapport à 2020.
« Le succès de la stratégie des Comores visant à lutter contre la transmission du VIH de la mère à l'enfant repose sur un engagement fort des autorités sanitaires et devrait permettre au pays d'atteindre prochainement les objectifs d'élimination de la maladie », relève Dr Nassuri Ahamada, Responsable de la lutte contre le VIH/Sida à OMS Comores.
Sept mois après la naissance de son enfant, Nadja est rassurée. « Grâce à mon traitement, que je continue à suivre, ma charge virale est indétectable. Je peux dire aujourd’hui que je suis heureuse avec mon enfant bien portant dans les bras. »